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m0t1fs exhibition
gallery numeriscausa, Paris
30 avril-06 juin 2009

Par Evelyne Bennati

Le titre de l'exposition «Motifs» du collectif LAb[au] accorde une priorité à la recherche formelle. Les œuvres partent d'un élément simple, le motif premier —pixel, vecteur, bit ou frame. Multiplié et doté de règles d'interaction pour aboutir à des motifs complexes...

L'exposition Motifs rassemble peu de pièces du collectif LAb[au], mais représentatives de sa démarche, qu'il nomme «MetaDeSIGN»: une mise en relation entre les nouveaux processus d'information dus au développement de l'informatique et la construction spatiale (architecture et urbanisme). Il transpose ainsi des processus binaires dans des espaces pluridimensionnels. Les oeuvres exposées, qui peuvent être considérées comme des prototypes, donnent ou peuvent donner lieu à des réalisations à grande échelle dans la ville, incorporées aux bâtiments.

Les installations génératives ne masquant rien de leur fabrication et transposition directe des processus algorithmiques à l'oeuvre, constituent un manifeste de la modernité, en développant une esthétique propre au numérique.

L'installation framework f5x5x1 est un panneau vertical carré de 2 m de côté, constitué de 5 X 5 alvéoles comprenant chacune un carré plein et son cadre - équipé de LED qui éclaire son champ -, le premier, mobile sur un axe horizontal et le second, sur un axe vertical. Les 125 modules obtenus à partir d'un motif répété et binaire (vide / plein), sont mus sur ces deux axes, offrant, à partir d'une combinatoire simple, des variations infinies de positions, jouant entre occultation, tamisage ou entrée libre de lumière. La référence suscitée à l'art cinétique est renforcée par le choix du noir et du blanc, l'un absorbant la couleur, l'autre la réfléchissant, soulignant encore l'opposition simple.

Ce dispositif, conçu sur la transposition du langage binaire dans un volume, permet de l'utiliser pour afficher des caractères alphanumériques ou transcrire des données capturées dans son environnement physique, sous forme de flux cinétique et lumineux. En fonction des besoins, il devient ainsi paravent, écran ou élément de façade, comme deuxième peau de bâtiment, signalétique ou protectrice. L'installation devient alors elle-même surface de communication.

Des sérigraphies murales générées par ordinateur permettent de visualiser la pluralité des positionnements possibles de chaque module, profil, face, sur tranche, en diagonale..., comme autant de motifs singuliers.

PixFlow #2 et SwarmDots sont des oeuvres d'art génératif basées sur un même principe : une colonne transparente en forme de T équipée de 4 ordinateurs en réseau et de 4 écrans LCD, sur lesquels évoluent des pixels. Montrant l'avers et l'envers, le résultat et sa fabrication (cartes électroniques et câblage apparents), elle constitue un totem des temps modernes, revendiquant un art technologique où la magie est exclue, mais où la poésie a toute sa place.

Dans PixFlow #2, les pixels en grand nombre cheminent à travers un champ de vecteurs qui modifient constamment leur course. Leur densité forme sur les écrans des flux dessinant de riches volutes dont la direction est imprévisible ; colorés en rouge, ils évoquent aussi bien le flux sanguin qu'une éruption volcanique. Les arabesques aux mouvements harmonieux se teintent d'une esthétique japonisante.

SwarmDots présente sur ses 4 écrans un fin sillage compact et parallèle de courbes sinueuses sur le principe des bancs de poissons, où le prédateur est représenté par une ligne rouge avançant droit devant elle.

Métaphore de la vie ou représentation en clin d'œil de la vie artificielle, ces deux installations, qui sont à même d'accueillir de nouvelles œuvres par le changement des cartes flash contenant l'OS et l'application, se heurtent à la limité dévolue au motif : elles sont décoratives et constituent ainsi, via le détour technologique, la « peinture de salon » de notre époque. Par ces dispositifs, le collectif Lab[au] s'intéresse aussi, à côté de l'architecture et de l'urbanisme, à l'aménagement intérieur, mais les travaux présentés, nécessairement adaptés au volume de la galerie, sont moins convaincants.