Artnet magazine
October 7th 2008
Laura Teki
featuring: binary waves, cybernetic urban installation
in the context of:
Manières de fluer - Biennale Art Grandeur Nature 2008
LAb[au] : Architectes des flux urbains.
par Laura Teki
A l'heure des flux financiers hyper-volatiles, des mouvements de population et d'une mondialisation effrénée, l'architecture elle aussi doit s'adapter, ne plus avoir comme seul souci de graver dans le marbre sa permanence et sa pérennité, estiment les membres du collectif d'artistes et architectes LAb[au]. binary waves est partie prenante de « Manières de fluer », une série de trois propositions artistiques produites par le centre d'art Synesthésie dans le cadre de la Biennale Art Grandeur Nature de Saint-Denis (93) jusqu'au 23 novembre 2008.
Lorsque passant la passerelle piétonnière au-dessus du canal, on découvre leurs « ondes binaires », on croirait presque qu'il s'agit d'une nouvelle signalétique fluviale. Une vingtaine de panneaux équipés de leds (diodes électroluminescentes) pivotant sur eux-mêmes s'éclairent et s'éteignent, bougeant de manière aléatoire, comme un ballet cinétique renouvelé. L'aléatoire ne l'est pas tant que ça : ce sont les mouvements de la ville que captent les panneaux pour les restituer en lumières et mouvements sinusoïdaux. Dans cette zone de « confluences » (c'est aussi le nom du quartier : Gare-Confluence), entre la gare RER, le canal et la place du marché, transitent chaque jour 90 000 voyageurs.
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LAb[au] propose une interprétation mobile et éphémère des battements de la ville, parvenant subtilement à lui redonner une certaine cohérence.
Car ici, pour dialoguer avec cette zone urbaine ingrate (certes, les rives du canal ont été réaménagées en promenade, mais la circulation, le bruit et la densité ont encore l'avantage), les pales suggèrent une interprétation des flux de la ville : ce sont les piétons qui règlent le ballet des couleurs et le rythme de rotation des pales. Des bandes blanches sur la tranche de chacun de ces panneaux font écho aux flux urbains des déplacements de piétons. Quand le flux est intense, la luminosité et la rotation des pales le sont aussi, quand la ville est paisible, binary waves se rapproche de l'immobilité.
Alors que l'installation fait appel à une programmation informatique fine, son inscription dans la ville de Saint-Denis est simplissime : ludique et presque discrète, poétique comme une scénographie urbaine, fluide.Depuis 1997, les quatre membres du collectif bruxellois, Manuel Abendroth, Jérôme Decock, Alexandre Plennevaux and Els Vermang défendent et développent une architecture interactive fluctuante, mélange de concepts cinétiques et de principes d'interactivité « douce » : inutile de cliquer sur un bouton, c'est votre déplacement dans la ville qui est intégré au dispositif. Leurs interventions, au musée (au centre Pompidou ou au Louvre en 2000) comme en plein air, traduisent une envie de partager du plaisir. Leurs murs bougent et parlent, leurs façades s'animent et dialoguent. Ces installations font rêver tout en nous donnant des clés pour mieux comprendre et apprécier notre environnement.
LAb[au], binary waves, jusqu'au 19 octobre, dans le cadre de « Manières de fluer » organisée par Synesthésie.
« Zones Urbaines Partagées », 9e Biennale Art Grandeur Nature de Saint-Denis, jusqu'au 23 novembre.
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