interview

Quelles ont été vos influences ? architecture, design, art, philosophie, mathématiques, informatique, tous ensemble ? ou d'autres ?

Il y a déjà un élément de réponse dans notre nom, 'bau' comme Bauhaus...Une influence qui a fondé notre démarche interdisciplinaire mêlant tant des disciplines artistiques que la technologie ou les sciences avec l'esthétique. Cet état de convergences qui a existé autour de l'apogée de l'ère industrielle, nous semblait trouver un écho dans notre époque alors que l'Internet décollait et que l'informatique envahissait notre quotidien, ça n'était peut-être qu'hypothétique à l'époque mais c'est devenu plus que concret, socialement, économiquement et culturellement. La phénoménologie, La théorie des Médias, les sciences cognitives ou la cybernétique sont autant d'autres influences qui incorporent toutes une relation à la technologie.

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Peut-être une théorie en particulier, qui vous aurait orientés vers le metadesign, vous aurait amenés à forger cette notion ?

C'est en fait un simple raisonnement logique. Si c'est au Bauhaus que le Design, en tant que discipline particulièrement adaptée au contexte de production industrielle, est né, ne doit-on pas trouver un mot désignant la convergence disciplinaire de notre époque, ainsi que le changement de méthodologie qui va de pair ? Et puis là où le design industriel consistait principalement à concevoir des «produits finis et contenus», la technologie actuelle, et notamment l'interactivité impose de remonter d'un cran, et propose de travailler sur des systèmes, comme l'a fait de manière plus expérimentale et prospective la cybernétique en son temps.

De la même manière qu'une page de texte sur Internet apparaît a l'écran en étant mise en forme grâce a des instructions, des Meta-tags, le design se voit adjoindre une couche « Meta », celle de la qualification et de la quantification de l'information, ou la constitution d'un système fait de paramètres et de processus. Si le 'De'-'Sign' signifiait « donner du sens » à des objets, le MetaDesign qui en est une évolution, consiste a produire du sens a travers des systèmes.

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Dans votre démarche, quelle place réservez-vous à l'art et au design ? Pensez-vous qu'art, design et architecture soient intrinsèquement liés ou qu'un domaine et plus important que les autres, antérieur, sous-jacent ?

Je ne pense pas qu'il y ait jamais eu de frontières imperméables mais il y a définitivement certaines personnes qui les croisent plus aisément que d'autres, au final ce qui les distingue des autres c'est leur méthodologie et au plus celle-ci est définie et appliquée, au plus le changement d'échelle, de contexte ou d'objet est facile a surmonter. On peut grouper ces disciplines à travers leurs aspects méthodologiques et plus encore si l'on considère ce niveau « Méta ».

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L'apport des technologies ?

Fondamental ... On peut philosopher sur la naissance de l'humanité et de la société, la civilisation c'est la technologie et la production d'artefact également ... la technologie c'est nous, elle fait partie intégrante de notre appareil sensoriel. Depuis que la technologie s'est chargée de nous aider dans des taches non plus seulement physiques mais également intellectuelles (technologies de l'information et de la communication), elle est devenue totalement indissociable de notre être et nous n'en sommes qu'au début de cette histoire.

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Comment s'articule votre démarche créative ?

Elle est très méthodologique ! Donc dans un premier temps très analytique, même si nous ne renions jamais le rapport intuitif, nous aimons le justifier par des faits et des arguments. Puis de la masse de données et de contraintes, on isole des paramètres, la suite considère généralement dans la mise en place de processus entre ces paramètres et par conséquent l'émergence (genèse) de formes. Puis il y a beaucoup d'étapes d'évaluation, un aller retour entre prototypage et des considérations esthétiques et sémantiques, ceci sans perdre de vue la définition du cadre de l'intervention ou de la création, le contexte.

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Y a-t-il un moteur qui anime particulièrement votre réflexion ?

Notre émerveillement continu envers les prouesses scientifiques et techniques, notre souhait de tisser des références avec le passé tant dans le domaine de la création et de l'art que celui des sciences, en un mot une curiosité insatiable. L'échange est également stimulant, nous avons une galerie à Bruxelles (www.mediaruimte.be) ou nous invitons des artistes a venir exposer ou réaliser avec notre aide leur projet...toujours lié à un usage créatif de la technologie bien entendu.

Puis, et il ne faut pas le négliger, nous réalisons presque tout nous même, ce coté très pratique et manuel qui s'applique des les premiers prototypes fait évoluer notre réflexion, sur le projet en cours bien entendu mais également a un niveau plus global, dans la continuité de notre travail, en maintenant une intimité avec les aspects technologiques impliqué. Un projet en amène généralement un autre mais loin de la rupture nous préférons sans cesse approfondir et garder l'orientation qui a toujours été la notre c'est-à-dire cette relation entre technologie et espace ... après tout nous sommes architectes !

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Voyez-vous un commencement et une finalité déterminée dans chaque projet ?

Si la finalité ultime de chaque projet est d'expérimenter et de nourrir une réflexion tout en la partageant, c'est effectivement une trajectoire sans point final, mais nous sommes en général satisfait lorsque le résultat esthétique est en adéquation avec les concepts et que les processus a l'oeuvre dans le système sont perceptibles. Et puis lorsqu'on peut simplement contempler une oeuvre, en oubliant ou en ignorant volontairement tout ce qui la soutient, en appréciant sa beauté formelle, c'est que nous avons réussi quelque chose, car celle-ci n'apparait pour nous qu'à la conclusion d'un travail rigoureux.

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Participent-ils tous d'un ensemble ?

Oui et c'est peut être même la ou le début et la fin se confondent, a leur rencontre. Il y a de nombreuses constantes entre eux. Ils partagent déjà la même méthodologie, une même recherche sur l'esthétique, et une dimension philosophique sur la notion du 'beau' appliquée a notre époque et a la technologie.

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Très grossièrement : pourquoi, pour quoi et comment ?!

La machine outil a créé une esthétique, exploitée consciemment et magnifiée par des expérimentateurs au Bauhaus par exemple, une chaise en tube d'acier est l'expression de l'ère industrielle, de la machine. Nous nous efforçons de faire de même, à savoir définir un vocabulaire propre à l'age du numérique, fait de codes et de concepts, établissant des relations cohérentes entre différentes manifestations matérielles, entre la couleur, la forme, la lumière et le mouvement. La cohérence c'est ce qui s'impose lorsque l'on travaille sur des systèmes et leur signification, cela implique également un travail constant sur la méthodologie elle-même, sur le MetaDesign. Un certain minimalisme est de mise également, surtout par souci de se consacrer a l'essentiel et de ne pas perturber un message certes parfois aussi abstrait qu'un système de chiffres mais qui ne veut en aucun cas être cryptique. C'est de cette manière que nous définissons l'art' des systèmes avec comme objectif d'exposer la 'beauté' du système en tant que tel. Dans notre livre nous évoquons tous ces concepts et méthodes, s'il ne faut en retenir qu'un c'est peut être celui de Marshall McLuhan, « The medium is the message », c'est peut être très terre a terre mais la réalité est fascinante et l'objectivité est loin d'être barbare.

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3. Vos réalisations Quels sont les projets et réalisations que vous jugez les plus marquants pour illustrer votre posture, les vrais jalons de votre histoire ?

Difficile de choisir, si on s'en tient aux statistiques de visite sur notre site, les 4 projets les plus plébiscités sont les suivants. D'abord « Touch » ou la mise en relation entre le citoyen, l'architecture (la tour Dexia à Bruxelles) et l'image de la ville en temps réel. C'est la prouesse de l'interactivité... elle établit et rend tangible ce lien ... et puis probablement et quoi qu'on en dise... « size matters! ». Une expérience inoubliable pour beaucoup de gens, ce sont surtout eux qui font « notre » histoire. Ensuite "binary waves" qui a été présenté à Lyon pour la fête des Lumières 2008, pour son aspect cybernétique, une représentation et non pas une illustration des activités et des flux matériels et immatériels qui définissent la condition urbaine actuelle. Un travail sur la propagation (wave = onde) de l'information (binary = binaire), un point de convergence de beaucoup de concepts et un hommage à Nicolas Schöffer, avec qui nous partageons d'ailleurs beaucoup d'idées. Le plus populaire actuellement, « Framework f5x5x5 » , la beauté d'une machine,à contempler comme un bijou d'horlogerie... entre art et architecture, son, mouvement et lumière. Un travail sur la série, sur les motifs qui émergent d'un élément graphique, cinétique et lumineux multiplié en 5x5x5. Un travail sur un plan qui devient volume, sur la redéfinition d'un espace par ce plan qui le découpe, l'illumine et crée des ouvertures. Notre premier travail cinétique également. Et finalement, changement d'échelle, « pixflow #2 » exploitant des erreurs de calcul, intrinsèques au système mis en place, et la surface écran et ce qui la définit, le pixel. Ce projet permet de comprendre peut être une des finalités de notre travail ; le sens même du système est de devenir évolutif mais surtout pas aléatoire ou chaotique, en utilisant ses propres erreurs pour créer la diversité, à l'image même de la nature, devenant ici un artefact.

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Pour conclure Sur de l'actu fraîche : quels sont les projets à venir ? Travaillez-vous vers de nouvelles directions ? ou préparez-vous de nouvelles expo ou installation ?

Nous travaillions sur une installation pérenne à Vitry-sur-seine, une sculpture lumineuse de 24 mètres de haute, inaugurée encore cette année. Notre installation « Particle synthesis » qui explore la relation que l'on peut faire entre moteur de particules et synthèse granulaire (Iannis Xenakis) est quasi terminée. Et puis après les systèmes génératifs ou interactifs, nous explorons les systèmes dits « smart », ceux qui incorporent au sein même de la matière des comportements ou une programmation.

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Avez-vous une expo de prévue ou participez-vous à une manifestation (que l'on puisse l'annoncer), etc. ?

Nous sommes programmés cette année déjà dans les festivals Ososphere (Strasbourg), Exit (Paris) , Via(Mons/Maubeuge), Némo (Paris) et Interstice (Caen). Nous exposerons également notre dernière installation, Tessel, réalisée et conçue en collaboration avec David Letellier a.k.a. Kangding Ray (raster-noton) à la galerie Roger Tator a Lyon au mois de Mai. Ces premières dates pour le début de l'année on verra ce qui suivra.

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